Libye: Affrontements à Tripoli
Des affrontements ont éclaté, ce mardi, à Tripoli après que le gouvernement libyen désigné par le Parlement et soutenu par le maréchal Khalifa Haftar ait annoncé son entrée dans la capitale, siège du pouvoir exécutif rival.
Le service de presse de ce gouvernement a annoncé dans un communiqué "l'arrivée du Premier ministre du gouvernement libyen Fathi Bachagha, accompagné de plusieurs ministres, dans la capitale Tripoli, pour y débuter ses travaux".
Le gouvernement siégeant à Tripoli, né début 2020 d'un processus politique parrainé par l'ONU, n'a pas réagi dans l'immédiat à cette annonce.
Des affrontements ont éclaté avant l'aube entre groupes armés après l'entrée du gouvernement de Bachagha, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des tirs nourris se poursuivaient en pleine ville vers 07H00 locales (05H00 GMT).
En février, le Parlement siégeant dans l'Est avait désigné Fathi Bachagha, ancien ministre de l'Intérieur, comme nouveau Premier ministre. Cette instance est soutenue par le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est libyen, dont les forces avaient tenté de conquérir la capitale en 2019.
Mais Bachagha n'avait jusque-là pas réussi à évincer l'exécutif en place à Tripoli, dirigé par l'homme d'affaires Abdelhamid Dbeibah, qui a affirmé à maintes reprises qu'il ne remettrait le pouvoir qu'à un gouvernement élu.
Le gouvernement d'Abdelhamid Dbeibah avait comme principale mission l'organisation d'élections législatives et présidentielle, initialement prévue en décembre dernier.
Cependant, des querelles persistantes entre les caciques politiques locaux, notamment sur la base juridique du scrutin, ont entraîné le report de ces élections sur lesquelles la communauté internationale fondait de grands espoirs pour enfin stabiliser le vaste pays d'Afrique du Nord.
Les rivaux politiques de Dbeibah estiment que son mandat a pris fin avec ce report.
La Libye peine à s'extirper de plus d'une décennie de chaos politique et de conflits consécutifs à la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, dans le sillage du Printemps arabe.
Ce vaste pays d'à peine 7 millions d'habitants reste miné par le chaos politique, les divisions entre institutions concurrentes dans l'Est et l'Ouest et par l'insécurité.
La production pétrolière, principale source de revenus du pays, est de nouveau otage des divisions politiques, avec une vague de fermetures forcées de sites pétroliers.
Considérés comme proches du camp de l'Est, les groupes à l'origine des blocages pétroliers réclamaient le transfert du pouvoir à Bachagha ainsi qu'une meilleure répartition des revenus pétroliers.
(AFP)